« Dis seulement une parole »
La rencontre de Jésus avec le centurion de Capharnaüm nous est donnée à lire sous forme de trois récits chez Matthieu 8, Luc 7, Jean 4. Curieusement, le premier Evangile de Marc ne le relate pas dans sa journée inaugurale puisqu’il commence les miracles de Jésus par un exorcisme dans la synagogue de Capharnaüm (Mc 1, 21-28).
Les trois évangélistes mettent en scène un centurion, ami des Juifs au point de bâtir la synagogue. Jésus dira : « En vérité, chez personne en Israël je n’ai trouvé une telle foi. » ce qui se lit pour certains exégètes « Je n’ai trouvé chez personne une telle foi en Israël. » Cet homme bon et juste se préoccupe de ceux qui sont sous ses ordres avec un cœur de père. D’ailleurs en araméen, le terme fils désigne aussi serviteur et esclave, le terme utilisé est serviteur chez Mt, esclave chez Luc, fils chez Jean. Les trois termes désignent une personne qui dépende de l’autorité d’un autre, dans le meilleur des cas de l’autorité paternelle.
Il s’agit, une nouvelle fois, d’une rencontre improbable. Un centurion appartenant au pouvoir établi, l’envahisseur, la Rome toute puissante, dominant ses territoires conquis, adresse une supplique à Jésus. Jésus s’étonne de voir un soldat romain s’adresser à lui. La prière du centurion s’élève vers lui et l’émerveille dans la clarté de son humilité :
« Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit :
Dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri. » Mt 8,8
La force et la beauté de cette parole demeurent intactes jusqu’à ce jour puisque nous la disons à chaque Eucharistie pour exprimer à Dieu la vérité de notre condition humaine, être pécheur et blessé. C’est l’humilité audacieuse de la foi qui nous fait tenir dans la confiance en présence du Seigneur.
Si Marc ne raconte pas ce récit, il réserve une place de choix au centurion du Golgotha dont la profession de foi retentit pour nous aujourd’hui : « Vraiment, cet homme était le fils de Dieu. » Mc 15,39
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