« Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous, et tes disciples ne jeûnent-ils pas ? ». Le jeûne serait-il une fin en soi ? Est-il de l’ordre d’une Loi à laquelle nul ne peut déroger ? Voilà ce que laisse entendre l’interrogation des disciples de Jean et des Pharisiens : « Pourquoi nous et pas eux ? ». Piège de la comparaison… Piège de nos questionnements dont nous demeurons le centre (nous jeûnons, nous) au point d’être aveuglés, et, paradoxalement, de ne pas re-connaître, de ne pas accueillir Celui qui vient, finalité-même du jeûne des disciples de Jean, et de nos jeûnes ! (« Préparez le chemin du Seigneur ; celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d’enlever les sandales » 3, 3.11).
Il est précieux, en ce début de Carême, de se laisser redire, par Jésus lui-même, la finalité de toute forme de jeûne. Elle est à chercher du côté de la présence à l’Epoux : « Les compagnons de l’époux peuvent-ils mener le jeûne tant que l’époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé ; et alors ils jeûneront » (v.15).
Certes, nous vivons un compagnonnage avec l’Epoux, dans un « déjà-là » car, la présence de Dieu « dans le château qu’est notre âme, n’est pas une création de l’imagination, c’est une réalité ! » (P. Marie-Eugène de l’E.J., Je veux voir Dieu).
Mais tout autant, notre cœur, notre monde est un cri vers le Dieu Vivant et Sauveur : « Viens Seigneur Jésus ! » (Ap, 22, 20).
Puisse notre jeûne lui offrir, pour notre « monde en feu », l’espace de notre silence, de notre prière, de notre cœur : « O feu consumant, Esprit d’amour, survenez, en moi, afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe : que je lui sois une humanité de surcroît en laquelle il renouvelle tout son mystère » (Elisabeth de la Trinité).
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