Que les pharisiens questionnent les pratiques de Jésus et de ses disciples, nous y sommes habitués. Mais aujourd’hui, ce sont les disciples de Jean … On peut comprendre leur désarroi, car leur maître qui annonce Jésus est tellement différent de Lui : Il mange des sauterelles, se vêt de poils de chameau, vit au désert … alors que Jésus arpente villes et villages et se rend volontiers aux fêtes et aux noces.
Qui a raison ? Jésus ne répond pas directement à la question, il la déplace : il ne s’agit pas de savoir s’il faut jeûner ou non, mais de comprendre qu’il y a un temps pour tout, un temps pour le deuil et un temps pour la noce, un temps pour toute chose sous le ciel nous dit Qohèleth. Et pour chacun de ces temps, un agir différent à discerner dans et pour le présent.
Des jours viendront où l’Epoux leur sera enlevé … Au temps de l’absence …
Nous sommes aujourd’hui dans ce temps de l’absence ! Nous portons le deuil de la présence lumineuse du Christ sur les chemins de Galilée … Le temps de l’Eglise est celui du jeûne !
Nous jeûnons car rien ne viendra combler la faille de cette absence. Et nous devrons jeûner jusqu’au bout de notre temps : nous laisser alléger de tous ce qui nous encombre et nous alourdit, ces vains attachements qui remplissent notre vie. Que la place soit redonnée à la Parole de feu du Tout-Autre qui nous manque, que nous retrouvions le goût et l’attente de l’autre ensablés dans notre tumulte quotidien.
« Quel est donc le jeûne qui me plaît ? … Ne pas te dérober à ta propre chair » (Is 58,1-9).
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