Que les pharisiens focalisent sur les pratiques ou non pratiques de Jésus ne nous surprend guère.Les évangélistes les décrivent toujours plus ou moins comme à côté de l’essentiel, à côté de l’humanité pour s’en tenir aux préceptes. Nous sommes en quelque sorte habitués par leur regard inquisiteur.
Mais dans ce texte, ce sont aussi les disciples de Jean qui s’interrogent. Or Jean Baptiste est marqué d’une certaine ascèse : il vit au désert, mange des sauterelles, se vêt de peau de chameau… Le mode de vie de Jésus dénote de celui de son cousin avec les festins, les repas et une vie sociale bien remplie ! Et avec cet évangile, je peux percevoir le renversement que Jésus a demandé dans l’attitude, la difficulté des disciples de Jean à accepter la nouveauté. Ils sont surement de bonne volonté mais bloqués par leurs conceptions. Cet évangile m’invite à l’empathie pour ceux qui cherchent mais restent prisonnier de leurs vieilles outres intérieures, de leurs raisonnements stériles, de leurs approches légalistes.
Jésus appelle à la nouveauté, à la voir, la goûter, la célébrer. Osons nous revêtir d’un vêtement neuf, d’une pensée nouvelle pour accueillir dans nos mains le pain nouveau, le vin nouveau. Buvons à la Coupe du dernier repas de Jésus, festin, Eucharistie, qui nous nourrit de sa nouveauté.
2 commentaires
PERSONNE NE POSE UNE PIÈCE D’ÉTOFFE NEUVE SUR UN VIEUX VÊTEMENT, CAR LE MORCEAU AJOUTÉ TIRE SUR LE VÊTEMENT, ET LA DÉCHIRURE S’AGRANDIT … ON MET LE VIN NOUVEAU DANS DES OUTRES NEUVES, ET LE TOUT SE CONSERVE (Mt 9, 14-17). La nouveauté dérange quelques fois, parce qu’elle fait peur, surtout quand nous ne savons pas ce qu’elle cache comme contenu. Mais, l’Homme se méfie aussi de la nouveauté, quand il n’est pas prêt à changer son mode de vivre. Alors, il devient hésitant, réservé, prudent. La nouveauté, parce qu’elle propose quelque chose de nouveau, peut aussi être l’occasion de se remettre en question, de s’interroger sur les piliers et tout ce qui fonde notre vie de foi, notre vie humaine, relationnelle et sociale. Ainsi, l’Homme, en s’interrogeant, s’éduque aussi ; en s’ouvrant, il connaît mieux, et de là, il s’assure une croissance certaine. Il en est plus encore de la nouveauté qui vient de DIEU. Elle est toujours une lumière en plus sur les ténèbres de notre vie, sur tout ce qui constitue le fondement de notre foi, de nos actions et de nos projets. DIEU nous renouvelle au quotidien par sa Parole. Et l’Homme se renouvelle de même par sa capacité à entrer dans l’intimité de DIEU, à travers l’écoute, l’accueil et la méditation de la Parole divine. Or, se renouveler, c’est avant tout s’affronter, se mouvoir de l’intérieur, afin que tout ce qui est aride, résistance, peur, angoisse, soit surmonté. Il n’y a pas de nouveauté sans nettoyage de l’ancien. Il faut donc savoir quitter le vieux pour laisser place au neuf, savoir accueillir la nouveauté comme chemin de transformation et de croissance. Mais, le nouveau nous invite aussi au détachement, à surmonter le conformisme par lequel on justifie tout acte, et qui ne laisse aucun espace à l’expression de soi. Le vin nouveau dans des outres neuves, c’est DIEU vivant de façon nouvelle sa relation avec l’Homme pécheur et converti ; c’est DIEU qui ouvre pour l’Homme une nouvelle espérance de vie, une nouvelle opportunité de croissance, un nouveau chemin de conversion, afin d’avoir un cœur prêt à accueillir la nouveauté de l’Évangile. Il faut donc savoir refaire tout à neuf, en visant toujours l’excellence. Et la nouveauté de l’Evangile nous invite à cette croissance dans l’excellence, où le pécheur peut désormais rencontrer le Saint, où le pauvre, l’affamé sont accueillis à la table du CHRIST et où la Bonne Nouvelle atteint les limites du monde et où les invités de la noce ne peuvent pas jeûner pendant le temps où l’Époux est avec eux. Or, cet époux est avec nous tous les jours, jusqu’à la fin des temps. Bon week-end de méditation et de repos.
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
ON NE MET PAS DU VIN NOUVEAU DANS DE VIEILLES OUTRES ; AUTREMENT, LES OUTRES ÉCLATENT …, ET LES OUTRES SONT PERDUES. MAIS ON MET LE VIN NOUVEAU DANS DES OUTRES NEUVES, ET LE TOUT SE CONSERVE (Mt 9, 14-17). Tout ne s’obtient pas toujours par la force ou par la violence. Bien des fois, la cordialité et l’accord sont nécessaires, pour établir l’harmonie et l’unité. Or, trouver un accord de convenance, c’est trouver l’harmonie qui convient, la correspondance entre les choses, entre les personnes, entre les cœurs. Chaque harmonisation concorde toujours avec un temps précis ; et à chaque temps correspond ce qui lui est utile. Si le vin nouveau ne peut tenir dans de vieilles outres ou plutôt si les vieilles outres ne peuvent résister au vin nouveau, c’est parce que le nouveau va au-delà des commodités habituelles, qui enferment l’Homme dans le conformisme, l’autosuffisance, le retour au même, sans espoir d’évoluer, de penser différemment. Or, le vin nouveau de la Parole de DIEU, a besoin à chaque instant, d’un cœur nouveau, un cœur en permanente conversion, qui s’affranchit des commodités anciennes, qui sait s’adapter aux situations nouvelles, flexible et capable de se laisser transformer de l’intérieur. Si le vin nouveau nous impose des changements intérieurs et radicaux, c’est aussi pour nous permettre de goûter aux délices de la nouveauté, de faire l’expérience du Bien, de l’Amour, de la Justice et des autres dons divins dans leur pureté et dans leur authenticité. Et ce n’est que parce que l’Homme côtoie la perfection ou encore la pureté en la personne du Verbe incarné, qu’il peut aussi prétendre à la même perfection. Ainsi, viser la nouveauté c’est s’inscrire dans une dynamique de croissance, de changement et d’amélioration de soi et de ses capacités. Et nous ne pouvons conserver les choses divines qu’en nous y imprégnant nous-mêmes au quotidien, à les cultiver et à les développer en nous et autour de nous. Bon week-end de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua