Le renversement opéré par Jésus, en son mystère de l’Incarnation, lui permet d’affirmer : « il y a ici plus grand que le Temple. » (v.6). Parle-t-il seulement de son corps ressuscité : « détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai » (Jn 2,19) ? Ou d’une autre forme de présence ?
Il semble que Matthieu ouvre cette perspective à tous les hommes et non pas seulement au maître du sabbat (v.8). Car dans les deux exemples que Jésus expose, —David et ses compagnons (v.3 à 4) et les prêtres le jour du sabbat (v.5)—, c’est l’homme, dans sa faiblesse ou plutôt dans ses contraintes et ses besoins fondamentaux, qui permet de redonner sens au jour du repos hebdomadaire. Ainsi manger quand on a faim ou travailler pour rendre un culte à Dieu, le jour de sabbat, n’est pas une faute (v.8), car ces deux actions sont au service de la vie, et donc de Dieu.
Face au constat de la pauvreté humaine, Jésus ouvre un chemin : celui de la miséricorde divine : « si vous aviez compris ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice […] » (v.7). Il condamne par avance les sacrifices orgueilleux et les regards mesquins épiant les pécheurs. Or qu’est-ce que préférer la miséricorde, si ce n’est entrer dans un chemin de confiance et d’abandon, dans le cœur même de Dieu, Père des miséricordes, et de le laisser agir en soi ?
« Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1Co 3,16). Il y a donc ici, bien plus grand que le Temple, la présence de Dieu démultipliée à travers d’humbles témoins répartis sur la terre entière, soumis à la faim, au manque, au travail, au péché … mais habités de Celui qui peut tout en tous. Ils sont le peuple en adoration, retrouvant le sens originel du sabbat.
En ce jour, où le Carmel fête les bienheureuses Carmélites de Compiègne, guillotinées le 17 juillet 1794 par le Tribunal révolutionnaire, confions-nous à l’intercession de celles qui se sont offertes en martyres, pour que la divine paix de Jésus soit apportée à l’État et l’Église.
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