« Une seule vie en Dieu »
Le sage Confucius disait : « on a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une. » Aux couleurs du Carmel, sainte Thérèse d’Avila fait le même constat en construisant son autobiographie en deux parties : « Jusqu’ici, c’était ma vie à moi ; celle qui va suivre est bien la vie de Dieu en moi. » (Vida, 23 § 1).
La vie du disciple —à laquelle Jésus invite tout ceux qui veulent le suivre (v.24), et en particulier Pierre qu’il vient de réprimander douloureusement : « Va t-en derrière moi, Satan » (v.23),— est une vie qui saisit sa propre croix, c’est-à-dire sa propre condition humaine crucifiée par le renoncement à soi-même (v.24), et dans l’attente imminente de la Résurrection, dès cette terre : « Il en est ici, parmi les présents, qui ne goûteront pas la mort avant d’avoir vu le fils de l’homme venir dans son royaume. » (v.28).
Se saisir de sa croix (Jésus ne dit pas de la porter comme un lourd fardeau), c’est entrer dans le langage dynamique de la Croix, unique Parole, seul Signe donné (celui de Jonas) d’un Messie crucifié, folie pour les uns, scandale pour les autres, complet renversement de toutes les prétentions et toutes les valeurs humaines. (1Co 1).
Oui, avec Jésus, il s’agit bien de perdre sa vie, cette première vie de vaine gloire, à la mesure de la pensée des hommes (v.23). Il s’agit de perdre ce que nous ne possédons même pas, pour nous engager dans une suivance d’amour, pour vivre de la Sagesse de Dieu tenue cachée dans ce mystère de don et de relèvement, à laquelle nous sommes prédestinés, depuis les siècles et pour l’éternité.
Il n’y a alors plus qu’une seule vie, ma vie et celle de Dieu en moi, si j’entends, en authentique disciple du Christ : « toi, suis-moi ». (Jn 21,22).
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