Post-scriptum : Pour fêter nos saints anges gardiens,
« […] Un feu hante la nuit des âmes. Le décrire est le travail que je m’invente : j’attends des heures qu’un ange arrive, s’assoie à ma place. Et parfois personne ne vient. […] Le balayeur municipal, avec la gravité d’un méditant, manœuvrait lentement une grande pince au-dessus du caniveau, n’attrapait que les papiers, laissait les feuilles mortes à leur extase de momies. Son visage était tendu vers la perfection. Son soin le protégeait du monde. Il avait deux ailes fluorescentes vertes et jaunes. Les anges ont parfois de drôles de vêtements. Ce que j’appelle une vision, pour un moderne, n’est rien – un peu d’air entre deux battements de cils. Les modernes ont fait de la technique la source jalouse des miracles. J’ai vu une pie sautiller entre des pierres infernalement brillantes. J’ai admiré les ciseaux de ses ailes – deux coups de crayon sur l’air. C’était à Limoges. J’étais mort, je crois. La vision de cette enfant céleste m’a ressuscité. Ce n’était pas la première fois qu’un oiseau me sauvait la vie. Depuis le berceau, mes yeux appellent au secours – et les réponses arrivent. Pour avoir tenu une pivoine entre mes mains, je sais exactement combien pèse le vide rayonnant. Les moineaux, quand ils vont sur terre, procèdent par bonds. Ils dessinent dans l’air de minuscules monts Fuji. Gardez vos miracles, je garde mes riens. […] (Le Monde des Religions, Mars-avril 2015, p.82).
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