Pourquoi, l’époux a-t-il tardé ?
Étonnamment, les jeunes adolescents de 13-15 ans avec lesquels nous avons partagé la Parabole des dix jeunes filles, ne sont pas tombées dans le piège d’une lecture manichéenne opposant les jeunes filles folles aux jeunes filles sages, mais ils se sont arrêtés sur la question suivante : pourquoi, l’époux a-t-il tardé ?« Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. » (v.5).
Le temps d’une rencontre de catéchèse, nous avons mené une enquête pour essayer de trouver une réponse à cette question, à l’aide d’indices bibliques. L’investigation s’est avérée enrichissante pour chacun de nous, révélant, à travers nos hypothèses, l’image de ce Dieu venu faire alliance avec les hommes et qui a tardé ou a été retardé sur le chemin de son humanité.
Je vous livre donc les fruits de notre recherche en dix pistes (autant que de jeunes filles) qui pourront nourrir chacune une méditation :
- L’époux est délicat et prévoyant, il aura tardé pour laisser du temps aux jeunes filles de se préparer aux noces ?
- Ou alors, il est soigneux et coquet, et il aura pris du temps pour se préparer lui-même ?
- L’époux est élitiste, il aura voulu tester la patience et le sérieux des jeunes filles, les soumettre à une épreuve, peut-être pour faire le tri entre celles qui l’aiment et celles qui ne l’aiment pas assez pour le suivre toute la vie et jusqu’au bout ?
- L’époux est imprévisible, il aura voulu leur faire une surprise, ménager un suspens, les surprendre ?
- L’époux est prévoyant, il est parti acheter de l’huile pour toutes les jeunes filles ?
- L’époux, comme un arbitre, aura testé la générosité des jeunes filles entre elles, ce qui aurait pu aboutir à une mise en commun de l’huile ?
- L’époux aura eu des problèmes sur le chemin, il aura été attaqué ? Comme Jésus le raconte à propos d’un homme agressé par des bandits sur la route de Jericho, et soigné par un bon Samaritain (Lc 10,25-37).
- L’époux est pédagogue. En fait, il n’a pas du tout tardé. Il est Dieu, et le temps de Dieu n’est pas le temps de l’homme, comme le temps éternel n’est pas notre temps compté. « À ses yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit. » (Ps 89,4). Il aura voulu faire entrer les jeunes filles dans son temps à lui, celui de la gratuité, de l’attente, de l’espérance et de la prière.
- Le temps de l’époux est le temps de Jésus lui-même, le temps du délai. Il s’est préparé quarante jours au désert (Mt 4,1-11), il a vécu trente ans sur terre pour aller chercher les pécheurs et tous ceux qui étaient perdus (Mt 9,9-13 ; Mt 18,10-14), il s’est occupé des pauvres, des malades, des affamés et des prisonniers (Mt 25, 31-46). Il est mort et il est descendu aux enfers pendant trois jours (Mt 27-28).
- L’époux a tardé car sa route a été longue. Pendant la liturgie pascale, nous chantons « Voici l’époux qui vient ! ». Nous pouvons identifier ce temps d’attente au temps de la Croix, de la mort à la Résurrection de Jésus.
Sr Nathalie et les élèves de 4e et 3e, Carmel de Mechref, Liban, 28 août 2015
Légende photo : La Parabole des dix jeunes filles, Catéchèse Mechref © CSJ 2014
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DIX JEUNES FILLES INVITÉES À DES NOCES, PRIRENT LEUR LAMPE POUR SORTIR À LA RENCONTRE DE L’ÉPOUX. CINQ D’ENTRE ELLES ÉTAIENT INSOUCIANTES, ET CINQ ÉTAIENT PRÉVOYANTES … VEILLEZ, CAR VOUS NE SAVEZ NI LE JOUR NI L’HEURE (Mt 25, 1-13). Dix jeunes filles, encore célibataires, vont à des noces, où elles espèrent rencontrer l’époux. Dès le départ, l’hôte qui invite ne fait pas de différence, afin de donner à toutes la possibilité de rencontrer l’époux. Et d’elles-mêmes, elles ont prévu des lampes, car les noces se font de nuit. Mais, ce qu’elles ne pensaient pas, c’était que l’attente puisse être longue. Et c’est de là que se dessine toute la différence : cinq sont insouciantes et cinq sont prévoyantes. DIEU donne à tous les mêmes possibilités, les mêmes opportunités et IL se dispose à rencontrer tout le monde. Mais, tout dépend de comment nous préparons et prévoyons cette rencontre ? Comment nous désirons nous présenter à LUI ? Ces interrogations de départ orientent ou motivent nos actions, nos choix et nos décisions. Pour celui qui pense que l’attente peut être longue, ce sera l’occasion de prendre les moyens nécessaires pour tenir pendant la durée de l’attente. Car, le temps ne nous appartient pas et nous ne pouvons en disposer comme nous le voulons. Seules la patience et la persévérance nous permettent de nous insérer dans la longueur du temps et nous aident à le vivre avec foi, confiance et espérance. Or, pour persévérer, il faut avoir les énergies nécessaires ; lesquelles énergies sont avant tout spirituelles, qui nous permettent de veiller, c’est-à-dire de garder le contact permanent avec l’horizon ouvert devant nous. Veiller ne signifie donc pas attendre ou patienter sans rien faire, mais au contraire, veiller dans la prière et en tenue de service. Car, ce sont la prière et le service qui alimentent notre espérance en des lendemains meilleurs. Ainsi, la prière et le service humble et désintéressé ne nous garantissent pas simplement des récompenses ou des biens présents, mais aussi futurs. L’attente peut être longue, l’époux peut tarder à venir au point où les dix jeunes filles s’assoupissent et s’endorment, mais, ce qui est attendu fini toujours par se produire. Et lorsque notre attente est comblée, les nuits de veille, de patience et de persévérance, les sacrifices consentis, tout cela est comblé et récompensé par la grâce obtenue de l’attente. Ainsi, la persévérance dans le travail, la confiance dans la prière et la fidélité dans la foi, nous obtiennent toujours ce que notre cœur désire, surtout quand cela vise notre Salut. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
Magnifique ! Génial ! Merci pour cette liberté d’expression et confiance données aux jeunes, tellement créatives et fructueuses ! Voilà ce que j’aimerais être capable d’être et de faire en aumônerie …
Merci pour ce beau partage!
Deux mains… dix doigts… pour nous faire vivre la Parole et de belles pistes de réflexions! Merci, continuez!