Il nous faut entrer et cheminer dans ce discours de Jésus, comme Nicodème « Victorieux du peuple », curieux et bienveillant membre du Sanhédrin, venu de nuit écouter le « Rabbi » qui l’intrigue, car ce n’est ni par une question, ni par des récriminations qu’il commence son entrevue, mais par une constatation que tant de signes ne peuvent être que venant de Dieu : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui » (v.2).

Comme lui, avec lui, en chercheur de vérité, nous accéderons à la lumière du Royaume de Dieu entrevu qui est la révélation du Visage du Christ, dans le pas à pas de son respect pour le Maître. Et Jésus, de confirmer à Nicodème que sa démarche et sa reconnaissance sont déjà le signe qu’une opération divine en lui et une transformation opèrent, cette fameuse renaissance : « En vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » (v.3).

Jésus l’interpelle sur une renaissance qui est pour tout homme né de nouveau ou né d’en haut. C’est la bonne nouvelle de ce texte. La Vie nouvelle est pour tous ! Elle est cette renaissance à une autre vie, plus intérieure, faite de pardons et de petites victoires sur nos logiques de mort, de haine, et de désespoir, qui prend sa source dans l’extraordinaire don du Christ sur la Croix et de la plus grande Œuvre divine en Lui : la Résurrection des morts ! De ce Jésus de Nazareth, élevé de terre par les hommes qui le condamnent, en étant ignominieusement crucifié sur la croix, voué au dégoût, Dieu annule et transforme tout rejet en une glorification inédite et extraordinaire. Le Père relève son Fils sous l’action de son Souffle de Vie tout-puissant et faiseur de miracles, pour que le Fils soit aussi élevé dans la gloire et contemplé comme antidote de la souffrance et de la mort. « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit ait, en lui, la vie éternelle » (v.14-15).

Cette renaissance spirituelle donne d’entendre le Souffle de l’Esprit dans un désaisissement et l’obscurité de notre foi : « le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (v.8).
Ainsi, nous cheminons, nous venons — comme Nicodème — à la lumière, et il nous est donné d’accomplir des œuvres non de nous-mêmes mais accomplies en Dieu. C’est Dieu qui est aux manettes, qui appelle, qui dirige, qui conduit et qui sanctifie : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu » (v.21).

Oui, mais comment ? En contemplant le Crucifié élevé de terre et en le reconnaissant comme le Sauveur de tous les hommes. Jésus descendu du ciel en son incarnation, Jésus condamné, supplicié et mis à mort, encore descendu dans les profondeurs de la mort et d’abaissement en abaissement jusqu’aux enfers, Jésus victorieux qui est remonté et ressuscité, et, aujourd’hui, est dans la gloire de son Père. Deux fois offert à toute l’humanité : par son Père à sa naissance et à sa Renaissance d’en haut, de nouveau. Dans cette dynamique de vie plus forte que la mort, dans cette naissance qui défie la mort pour entrer dans la vie éternelle. Tout homme qui croit et contemple ce grand mystère y est convié par là. « Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (v.17).

Les deux clés de ce Salut sont la foi de l’homme qui nous fait cheminer, et la folie de l’amour de Dieu pour l’homme… La folie de la foi de l’homme qui répond à la folie de l’amour de Dieu. « Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (v.16).