Entrer dans la prière de l’Eglise avec Edith Stein
Nous nous sommes retrouvés, frères et sœurs de la famille du Carmel, professes et profès de moins de 60 ans, au couvent d’Avon du 27 au 29 Octobre pour une session « Entrer dans la prière de l’Eglise avec Edith Stein ». Nous étions 13 sœurs (sœurs Thérèse D’Avesnes, sœurs de la Providence de la Pommeraie, sœurs du Carmel St Joseph, sœur de ND du Mont Carmel d’Avranches) avec 3 frères dont Fr. Jean-Baptiste Gelebart et Fr. Jean-Alexandre qui nous ont aidés à découvrir ou redécouvrir Edith Stein (philosophe, puis carmélite sous le nom de sr Thérèse-Bénédicte de la Croix 1891-1942). Nourriture spirituelle et rencontres fraternelles sont les 2 faces de nos sessions.
Je retiens surtout qu’Edith n’a cessé de chercher la vérité ; elle est la première femme à obtenir un doctorat en philosophie (elle a été l’assistante d’Husserl en Allemagne, spécialiste de la phénoménologie), puis à travers des rencontres qui l’ont marqué, et la lecture de « La Vie » de Thérèse d’Avila, elle va faire la rencontre décisive de sa vie, le Christ vivant en elle ! Après sa conversion en 1922, Edith va enseigner chez les dominicaines de Spire et devenir conférencière à l’Institut pédagogique de Münster où elle donnera de nombreuses conférences sur la femme (1928-1933) ; Elle aura une influence notable sur la condition féminine dans l’Eglise, mais aussi dans la société, Les évènements politiques (interdiction d’enseigner pour les juifs) lui donneront l’occasion de réaliser son désir en Octobre 1933: entrer au Carmel. Edith est déjà une femme habitée par la prière.
On lui demandera en 1936 d’écrire sur « la prière de l’Eglise ». Très en avance sur son temps, on découvre dans son vocabulaire les prémices de la réforme liturgique de Vatican II et Edith va valoriser la liturgie des heures et l’oraison en partant du Christ : « La prière est la prière du Christ toujours vivant ». Edith rappellera à ses concitoyens que Jésus « priait comme une juif croyant et fidèle à la loi ».Edith insistera sur la « grande action de grâce » qu’est la messe avec la participation active de tous les fidèles et résumera en quelques mots toute l’histoire du salut ! « Le sacrifice éternellement actuel du Christ, peut se comprendre comme une seule immense action de grâce, comme eucharistie : action de grâce pour la création, la rédemption et l’achèvement finale. Il s’offre lui-même au nom de tout l’univers créé dont il est le modèle originel et dans lequel el est descendu pour le renouveler de l’intérieur et le conduire à son achèvement. Mais il appelle aussi tout ce monde crée à présenter avec lui au Créateur l’hommage d’action de grâce qui lui revient. »
A la suite de Jésus qui s’offrait au Père dans la prière solitaire, nous sommes appelés à offrir nos vies : « Dans le dialogue silencieux que des âmes consacrées à Dieu entretiennent avec leur Seigneur, sont préparés les évènements visibles de l’histoire de l’Eglise qui renouvellent la face de la terre (….) les pierres vivantes sont préparées pour édifier le Royaume de Dieu…»
Dimanche matin, nous avons terminé avec des extraits sur « le mystère de Noël » où Edith passe du mystère de Noël au mystère de l’Eucharistie : « En celui qui vraiment le reçoit comme sa nourriture s’accomplit chaque jour le mystère de Noël, l’incarnation du Verbe. Il n’est pas de chemin plus sûr pour demeurer Un avec Dieu, et pour s’enraciner chaque jour plus fortement et plus profondément dans le Corps mystique du Christ (… ) Faire en nous place à l’Eucharistie, afin que le Seigneur transforme notre vie en la sienne, est-ce là trop exiger ? »
Cette session m’a renouvelée dans mon approche de l’Eucharistie et de l’oraison comme offrande de tout mon être. Je terminerai avec les mots de Fr. Jean-Baptiste: « Soyons donc conscients de cette intuition profonde qui habitait Edith Stein, « se tenir devant Dieu pour tous afin de gagner le monde et les siens ». Alors, un peu du feu qui habitait sa vie et sa pensée passera en nous. Tel est le défi que peut nous lancer cette grande amie fidèle dans la vérité : saurons-nous saisir cette main tendue qu’elle nous lance aujourd’hui ? »
Sr Cécile GUERBET, st Guilhem-le-Désert
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