Dans le cadre des journées ‘Prier avec Thérèse’ communauté de Mechref : Compte-rendu de notre matinée de prière autour de la Petite Thérèse

« Prier avec un saint du Carmel », aujourd’hui 29 septembre prier avec la Petite Thérèse. En ce dimanche le plus proche du 1er octobre, devenu un rendez-vous attendu et désiré des amis du Carmel Saint-Joseph de Mechref, c’est par un temps d’oraison silencieuse que la journée s’est ouverte. Il a été suivi d’un temps d’enseignement donné par le P. Georges Abi Saad, un fidèle de notre communauté et familier de la spiritualité du Carmel.

Le thème cette année était« Désir et offrande chez sainte Thérèse de lisieux », deux thèmes majeurs dans sa vie et qui ont été synthétisés en trois points : le courage, le combat et l’offrande, la découverte dans son Manuscrit B. (Cf. enseignement joint)

Après cet apport, le temps a été au partage en groupe, un moment qui permet l’expression personnelle, en soulevant des questions et en approfondissant l’enseignement reçu le matin.

Trois textes ont servi de support, un extrait du Ms B (3rº-vº) : « À l’oraison mes désirs me faisant souffrir un véritable martyre j’ouvris les épîtres de saint Paul […] »; ainsi que deux lettres (LT 95 et 103) adressées à Mère Agnès de Jésus (sa sœur Pauline) où Thérèse s’identifie au « petit grain de sable ». Quelle image plus explicite pourrions-nous trouver pour parler de l’offrande et du sacrifice de soi-même ? « Que le petit grain de sable soit toujours à sa place c’est-à-dire sous les pieds de tous […] ». Elle parle de son seul et unique désir, celui de regarder et de garder Jésus seul. Elle ne recherche que l’oubli d’elle-même et l’anéantissement de tous ses désirs qui ne sont pas de Dieu, ni pour sa gloire. En croisant ces trois textes, nous touchons le paradoxe du rien (n’être rien et ne plus rien désirer… Si ce n’est Dieu) et du tout (les désirs illimités et le « je serai tout »… L’abondance et la fécondité en Dieu).

Nous avons conclu cette belle journée par un temps de convivialité, avec, cette année, l’accueil de 27 pèlerins du diocèse de Saint Brieuc accompagnés par le P. Jean Le Rétif. Un moment fort et émouvant d’hospitalité qui a culminé par la célébration de notre eucharistie franco-libanaise. Nous avons découvert qu’il n’y a en fait qu’une seule langue : celle de l’Amour ! Dans son homélie, le P. Jean a insisté sur le travail silencieux de Dieu et de son Royaume qui laisse aux plus insignifiantes choses (comme le levain dans la pâte ou la graine de sénevé) la possibilité d’une croissance… comme celle des germes entraperçus dans la forêt des cèdres et qui deviennent de solides arbres millénaires. Car tout est possible à Dieu !

RÉSUMÉ DE L’ENSEIGNEMENT DU P. GEORGES
1/ Le courage

Après la nuit de Noël et sa conversion, Thérèse découvre la vertu du courage et la force de désirer la sainteté. Être une grande sainte malgré la connaissance de sa faiblesse. Elle écrit qu’elle a le cœur et les yeux de l’aigle mais non pas ses ailes (elle en a le cœur mais non pas la force). Désirer la sainteté en reconnaissant sa faiblesse est la marque du courage et de la confiance fondée sur la volonté de Dieu. C’est Dieu qui nous veut des saints, c’est pour sa communion avec lui qu’il nous a créés pour de grandes choses. Sans la confiance, on ne peut pas garder son courage. Choisir sa volonté avec confiance et la choisir avec le courage de persévérer. Souvent on parle de cette génération où tout part, ce n’est pas évident de toujours persévérer, mais Dieu, lui, ne change pas et ne change pas sa volonté envers nous. C’est un acte courageux qui exige un certaines prit de risque, de risquer sa vie… Car ce que Dieu veut dépasse nos capacités. On risque sa vie en choisissant la volonté de Dieu, il nous donne selon ses désirs.

2/ Le combat

Il y a chez Thérèse, le combat de ses désirs, car il n’y a pas qu’un seul désir, mais des désirs et parfois des désirs contradictoires. On peut le voir très clairement chez elle. Par exemple, son attachement à sa sœur Pauline, elle y est attachée et veut sans cesse la voir, trouver des excuses pour lui parler quand elle est Prieure de la communauté. Pourtant, Thérèse résiste pour ne pas tomber dans ce désir égoïste où elle recherche son propre contentement, ce n’est pas l’amour. Elle doit vivre une sorte de jeûne de ses désirs pour ne pas les satisfaire, elle reconnaît qu’ils ne sont ni de Dieu ni de l’Esprit Saint, qu’ils ne sont pas profonds. Y résister ne provoque pas une frustration, mais une libération pour être remplie de la grâce et de l’Esprit de Dieu. C’est la vraie satisfaction profonde et intérieure pour arriver la paix de Dieu. Si on ne fait pas ce chemin d’ascèse, on reste esclaves et faible, nous n’assumons pas le manque.

3/ L’offrande. Cf. Manuscrit B

Thérèse y exprime le désir de faire des œuvres, c’est la générosité de l’amour qui se traduit dans les œuvres, et surtout comme une manière d’être : « je serai… l’amour », comme une offrande fondée sur le bon désir et plaisir de Dieu. Si Dieu l’appelle à prêcher, être missionnaire, martyre, etc. … Ce ne sont pas pour ses œuvres mais pour le désir de Dieu. Rester au monastère est sa joie car c’est la volonté de Dieu. Souffrance ? Bonne santé ? Peu lui importe puisque sa joie est le bon désir de Dieu. Ses œuvres peuvent rester minimes dans sa vie quotidienne, même ramasser une épingle, si elles sont faites pour le bon désir de Dieu et par amour. Selon cet acte d’offrande tout devient grand. Choisir le bon désir, devenir offrande, à l’instant présent, dans le maintenant pour le vivre pleinement. C’est la paix permanente, la véritable paix que rien de peut troubler, car elle n’est pas liée aux circonstances extérieures mais directement à Dieu. On est dans la paix du Christ.