TROIS PETITES LETTRES EMPOISONNEES…..

Ce jour-là, entre les Apôtres l’information circule: des Galiléens ont été massacrés par Pilate… 18 ouvriers sont morts après la chute d’une Tour à Siloë…Tournés vers Jésus ils demandent : « Qui est coupable ? A qui la faute ? »… La grande question autour du MAL. Le Mal, trois lettres qui empoisonnent l’Humanité depuis la nuit des Temps. Le Mal. La réalité la plus tragique de l’existence.

Le MAL qui saccage la Planète : guerres incessantes, injustices, racisme… On pourrait en dresser un long inventaire. Ce Mal que l’on subit, qui frappe nos proches, nos amours bafoués et détruits, nos espoirs brisés… Et aussi ce Mal dont nous sommes parfois complices, même sans le savoir vraiment, dont nous sommes acteurs par bêtise ou malveillance… « Qui est coupable ? A qui la faute ? » On appelle ça trouver un « bouc émissaire ». Bien pratique pour ne plus se sentir concerné… »Croyez-vous que ces gens méritaient ce qui leur est arrivé ? » demande Jésus à ses amis. Mais chercher à tout prix un coupable c’est peut-être, sans le vouloir, chercher à se décharger sur un autre et rester bien en sécurité ? …

La race humaine est faite d’erreurs, d’absurdités, de chaos. On aimerait tous bannir le Mal qui pourrit la quête légitime du Bonheur.  Car nous sommes faits pour être Heureux… Comme on aimerait pouvoir brandir une « baguette magique » ou voir la « Toute Puissance de Dieu » intervenir et écarter les… »méchants » !!! Mais  s’indigner ne suffit pas. Car on reste dans son confort rassurant… Quand Dieu prend « position » contre le Mal, il envoie son Fils ! Il l’envoie dans une Humanité abîmée par la souffrance, le malheur… Comme un couple silencieusement présent au chevet de l’enfant meurtri et pleure en lui tenant amoureusement la main… Comme un Dieu au pied de la Croix de son F ils un certain Vendredi de l’année 33…

Tout au long des Evangiles, on voit Jésus se dresser sans cesse contre l’individualisme et l’endurcissement du cœur qui sont « LE » Mal par excellence… Et si nous ne pouvons l’arrêter, nous sommes capables de le mettre en échec. La Foi des Chrétiens se construit sur cette « certitude » qui sent bon l’odeur de l’Espérance… Pas seulement les Chrétiens, mais tous les vivants tenaces, gens de Bonne Volonté, guidés par leur Conscience pour dresser, chacun à sa façon, des boucliers contre le Mal aux mille visages… Lors des derniers événements du Monde, des êtres se sont levés pour dire « Non » à la folie meurtrière. Et chaque fois que naît une attention à l’autre, à ceux qui ne peuvent plus vivre sous le poids de la haine, de la volonté de puissance, de la violence ou la bêtise, chaque fois que « naît » un germe de fraternité, un « sursaut du cœur », c’est L’Espoir et l’Espérance qui grandissent…                           Le Mal restera toujours un mystère. Et on a le droit d’être « révolté ». C’est le signe que notre cœur n’est pas encore « sec » ! Car cette révolte n’est pas une « révolte contre », mais une révolte « POUR » ! Pour que petit à petit, des choses changent… Un Chrétien c’est quelqu’un qui tend les mains vers Dieu pour qu’Il habite son courage et quelqu’un qui se met en route pour agir là où il est capable de le faire… Dieu dans la première lecture de ce dimanche, se « fâche » contre Moïse :  » Arrête de dire que tu es un incapable ! Que tu n’y peux rien ! Va retrouver les autres !!! »… Le Mal engendre la peur. Mais le vrai courage ne serait-il pas de se « battre » contre lui tout en ayant peur ? Dans une chanson, Jean Claude Gianadda écrit : « Certains disent que Dieu est muet, absent, manchot ! mais c’est avec nos voix, notre présence, nos yeux nos mains tendues qu’Il  agit aujourd’hui… » Ce n’est pas tout mais c’est déjà pas mal !!!!

Texte : Jean Bosset
                                      Illustrations : Aude de Kerangué