UN DROLE DE « PATRON » !!!

Un grand espace de Vigne. Des ouvriers embauchés tôt le matin. Ils sont satisfaits du salaire promis en fin de journée. Dans la matinée et presqu’en fin de journée, d’autres ouvriers arrivent et se rendent eux aussi à la vigne… Le soir venu, les derniers arrivés sont plutôt surpris de recevoir le salaire convenu avec les premiers !!!! Forcément, les premiers se disent :  » ça va être la surprise! la paye va forcément augmenter !!! « . Hé bien non :  » on a convenu d’une certain salaire, dit le propriétaire, pour le reste c’est mon affaire… ! Alors ? Injustice ? Tout d’abord n’oublions pas l’essentiel : c’est une PARABOLE. Donc une « histoire fabriquée de toutes pièces » par Jésus pour provoquer, faire réagir et surtout « déplacer le REGARD » !!! Alors ? un Message caché ?

Oui. Peut-être…. C’est le Propriétaire de la Vigne qui est intéressant dans l’Histoire ! Il est très satisfait de ses premiers ouvriers. Ils ont travaillé dur toute la journée et méritent amplement le salaire négocié le matin même. Quand ils s’aperçoivent que les derniers arrivés reçoivent la même somme, il se frottent les mains :  » On va recevoir forcément plus d’argent qu’annoncé au départ!!! ». Ils vont crier à l’injustice forcément…

 » Calmez-vous, dit le propriétaire, on s’est mis d’accord sur un salaire pour la journée. Vous l’avez. Pour le reste c’est à moi de décider ce que je dois faire pour ces gens arrivés dans la journée… » Tout au long du jour, il a vu venir à sa Vigne des gens fatigués, amers, blessés par les refus de les embaucher, tristes de devoir rentrer dans leur village et annoncer à leur famille que, tous ces jours, il y aura peu de pain sur la table, faute d’argent gagné… : On dirait qu’il choisit de « récompenser » leur dure recherche d’un emploi, leur malchance, leur espoir aussi de voir sourire leur petite famille au retour de leur passage à la vigne !!! Ce n’est pas la somme d’argent qui compte pour lui, c’est le souci de garder à ces gens leur DIGNITE. Comme le fera Jésus lui-même en côtoyant la misère, la malchance des plus démunis, des plus délaissés… La grandeur de ce propriétaire c’est qu’il n’ a pas oublié l’HOMME derrière leur demande, leur attente, la logique du « système donnant-donnant ».. !  Des Hommes, pas des « machines à produire »… La grandeur de cet homme c’est son attention à la détresse et au désarroi de ces hommes plus qu’à la seule bonne marche de son vignoble…

Oui, on croit rêver…  Alors, ne cherchons pas une « morale » à cette histoire. Jésus n’est pas un donneur de leçon ! Il regarde la société de son temps et sait la « misère de son peuple »… Une fois la Parabole racontée, il laisse ceux qui l’ont écoutée la liberté d’en faire une simple histoire ou l’envie d’engager une petite « révolution du regard »… ! Il sait que son Père nous croit capables du meilleur… J’écrivais il y a quelques semaines : l’Eglise, les Croyants, les artisans de justice de tous bords ne se trompent jamais quand ils choisissent le parti du respect et de la dignité de l’Homme…

Texte : Jean Bosset
                                      Illustrations : Aude de Kerangué