Coup de cœur pour le film d’animation « Vice-versa »
Qu’est-ce qu’il se passe dans ma petite tête ?
Le générique de début du film nous pose la question : « vous êtes-vous déjà demandé ce qui pouvait se passer dans la tête de quelqu’un ? ».
De façon ludique et créative, les réalisateurs de Vice-versa apportent des réponses en images, en installant dans la tête de tous leurs personnages (ainsi que des animaux, ne manquez surtout pas le générique de fin et la psychologie du chat !) une salle de commande habitées des cinq émotions personnifiées : la joie, la peur, la tristesse, la colère et le dégoût.
Ce film d’animation est une entrée dans le monde de la psyché, une initiation aux bases de la psychologie humaine, nous faisant vivre en direct la déconstruction et la reconstruction de l’identité d’une pré-ado de 11 ans dans son passage de l’enfance à l’adolescence.
Tout se précipite avec la perte de repères et l’angoissante situation du déménagement de Riley quittant le Minnesota pour la Californie et la grande ville de San Francisco.
C’est un vrai voyage, que les spectateurs font, non dans l’immensité du continent américain, mais dans celui de l’esprit et de la pensée. On y visite la personnalité et les valeurs de Riley sous formes d’îles (famille, honnêteté, passion, amitié, bêtise), on prend le petit train de sa pensée qui s’arrête quand elle s’endort, remplacé par l’usine à rêves conçue comme un studio de cinéma. On traverse aussi d’autres espaces comme celui de l’imagination, de la pensée abstraite, ainsi que le noir abyssal du subconscient qui transforme tout en cendres. On rencontre l’ami imaginaire et différents autres agents nettoyeurs ou réparateurs, non sans humour.
Pour les cinq émotions de Riley, l’essentiel des tâches journalières à accomplir est l’attention a tout ce que la jeune fille vit, dans une vigilance de chaque instant, pour lui créer ses souvenirs, sous formes d’images en 3D stockées dans des boules transparentes de la couleurs des émotions concernées (jaune pour la joie, violet pour la peur, bleue pour la tristesse, rouge pour la colère, et vert pour le dégoût). L’intention de Joie est de stocker les bons souvenir jaunes et d’agir énergiquement pour que chaque journée se solde avec bonheur, car à journées réussies, promesse de belle vie ! La mémoire de Riley est l’ensemble du stockage de ces millions de souvenirs accumulés, dont certains disparaissent, alors que d’autres remontent à la surface (comme les abrutissants jingles de publicité pour dentifrice). Cela nous dit combien le faire-mémoire, la relecture, et l’anamnèse sont des composantes de l’édification de l’identité.
Mais tout n’est pas « under the control », et chaque émotion aura sa part à prendre, pour que Riley vivent ses passages et ses deuils. C’est à ce parcours palpitant de découvertes, de déceptions, d’angoisses et de joie que nous convoque le scénario de ce film écho de nos vies.
Vice-versa est un film d’une grande créativité à visée pédagogique pour la connaissance de soi et des autres, il ouvre à la réflexion et à l’échange. Pour toutes ces raisons nous ne pouvons que vous encourager à y aller.
Sr Nathalie Le Gac, CSJ Mechref (Liban), 15 août 2015
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