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Première situation : Le barrage de la direction

Première situation : Le barrage de la direction C’est une Maison de repos communale qui a eu à sa direction la même personne durant 25 ans. Pour raison de pluralisme et afin de respecter les personnes d’une autre confession ou non croyantes, les visiteuses ont toujours essuyé un refus catégorique pour qu’une salle soit mise à leur disposition afin de pouvoir célébrer l’Eucharistie. Par contre la directrice reléguant à la sphère privée la religion autorise de célébrer la messe dans une chambre. Elle ne se gêne pas pour faire devant ses résidents catholiques des remarques du genre : « comment peut-on encore croire à ces bêtises en l’an 2000 ! ».
Devant l’insistance d’une visiteuse, elle finit par proposer une salle : la morgue !!!

Quand en 2000 je suis nommée responsable de l’accompagnement des équipes de visiteurs de ce secteur, je profite du fait d’être nouvelle pour lui téléphoner à l’approche de Noël et lui proposer la célébration d’une messe de Noël pour ses résidents catholiques. Je reçois la même réponse, cependant elle ne me propose pas la morgue. J’avais parlé de cette proposition à l’Évêque et il m’avait dit que si elle la réitérait, il faudrait l’accepter afin de faire réagir les résidents et les familles… Mais je n’ai pas eu cette opportunité qui d’autre part n’aurait pas été facile à gérer…
Ayant l’autorisation d’organiser une messe dans une chambre, je décide par principe de saisir l’occasion et une messe de Noël est célébrée mais bien sûr pour un tout petit nombre de personnes et cela n’est pas tenable dans la durée et assez inconfortable pour tout le monde.
Je sentais bien qu’insister ne ferait que renforcer le mur devant lequel nous nous trouvions. Seuls les résidents et leurs familles auraient pu faire bouger les choses, mais les résidents devant cette attitude n’osaient pas s’afficher catholiques.

Comment faire chemin dans cette situation ?
J’ai pris le parti de prendre patience, pensant qu’un jour cette directrice serait pensionnée. J’ai constitué une équipe de quatre personnes, réservant toute nouvelle visiteuse à cette mission, pour porter la communion chaque semaine aux résidents le désirant et très vite le bouche à oreille a fonctionné. Chaque fois la visiteuse se présentait à la direction et quand nous avons mis en place les badges, je leur ai demandé de le porter, ce qui donne une visibilité aussi auprès du personnel soignant. Je suis restée attentive à tout changement de direction, afin de pouvoir faire de nouvelles démarches.
C’était cependant fragile car il y a eu des fluctuations dans l’équipe. J’ai essayé de veiller à ce que ce service reste assuré dans cette maison car les résidents se sentaient en privation. En Septembre 2011, bonheur, changement de direction. J’ai laissé le temps à la nouvelle directrice de prendre ses marques dans sa nouvelle fonction, à nouveau : patience ! Je l’ai rencontrée en mai 2012. C’est une toute jeune directrice très accueillante à ma proposition et me disant : « je vais d’abord faire un sondage pour que vous ne veniez pas pour trop peu de personne ». J’ai répondu : « même pour 8 personnes nous viendrons ». « C’est beaucoup car cela représente le dixième de mes résidents » me répond-elle.
Finalement elle me donne l’autorisation. Nous choisissons le samedi parce que la salle d’ergothérapie est libre et nous avons pour la première fois la messe dans cette maison le 19 mai. Nous fêtons l’Ascension et à la grande surprise du personnel une vingtaine de personnes sont là manifestant une grande joie et reconnaissance. D’ailleurs le lundi la directrice est toute étonnée de voir des résidents frapper à sa porte pour la remercier vivement.

Qu’est-ce que je retire de cette situation ?
Devant des comportements intransigeants et fermés, Il faut parfois avoir une longue patience et se contenter du petit peu que l’on peut mettre en place, mais le mettre réellement en place en attendant mieux. Il ne faut pas baisser les bras, mais agir avec stratégie pour rester dans la place en étant attentive à l’évolution de la situation pour agir dès que l’opportunité se présente.

par sr François Barnoud


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