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Deuxième situation :
Voir partir directement au cimetière une personne catholique que nous avons accompagnée

Je pense que nous avons tous connu cette situation qui est, je ne sais pas pour vous, mais pour moi une déchirure…
Pour ma part je l’ai connue plusieurs fois dans des circonstances différentes, je vais vous partager deux situations.
Aussi étonnant que cela puisse paraître la première concerne un prêtre. Ce prêtre âgé ne pouvait plus se déplacer et vivait dans la maison qu’il avait héritée de ses parents. Je lui portais chaque semaine la communion, nous prenions un temps de prière silencieuse assez conséquent ensemble, qu’il appréciait car à deux me disait-il, c’est plus facile de prier. Puis vint le moment où il ne pouvait plus rester à domicile, il est entré en Maison de Repos. Il est décédé au mois d’août en pleines vacances, j’étais absente et beaucoup d’autres aussi. Par testament, ce prêtre avait légué sa maison à son voisin musulman qui s’était occupé de lui quand il y vivait encore, ce qui lui avait sans doute permis d’y rester le plus longtemps possible. Il se sentait délaissé par ses neveux et nièces, raison pour laquelle il les avait déshérités.
Sans doute furieuse la famille n’a pas demandé de funérailles religieuses, il est donc parti directement au cimetière.
En rentrant de vacances nous avons été donc plusieurs à réaliser, avec consternation, ce qui c’était passé. Il est vrai que nous nous trouvons devant une certaine impuissance car c’est la famille qui prime pour organiser les funérailles.
Finalement, un prêtre a célébré une eucharistie en sa mémoire en septembre.

La deuxième situation concerne un homme en maison de repos, n’ayant aucune famille, et très peu de visites. Nous sommes donc deux de l’équipe des visiteurs à lui rendre visite et à lui porter la communion, car il ne peut plus assister à la messe. Appelons-le Victor.
Lorsque Victor décède, c’est le CPAS qui prend en charge les funérailles et comme il n’a laissé aucun écrit, ma collègue apprend qu’il va être conduit directement au cimetière le vendredi à 11h00. Elle me contacte le jeudi matin pour m’informer. Que faire ? Notre première réaction : aller au cimetière et proposer un temps de prière. En réfléchissant nous nous disons que nous allons nous trouver sans doute avec des pompes funèbres pressés puisque rien n’était prévu au départ et qu’il faudrait vivre ce temps de prière à la va-vite, ce qui ne serait alors pas tellement porteur de sens. Aussi nous décidons de prendre contact avec la morgue pour les prévenir que nous allons nous y rendre l’après-midi. Ce que nous faisons. Ma collègue apporte un gros bouquet de fleurs, nous récitons un psaume ensemble puis nous prenons « la prière auprès d’une personne déjà décédée », dans le petit livret « Passer sur l’autre rive ». Nous prenons ainsi une bonne ½ heure de prière auprès de Victor, puis nous le bénissons avec la bénédiction du Livre des Nombres « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde, qu’il fasse resplendir sur vous son visage et qu’il vous donne la paix » et en traçant chacune un signe de croix sur son front. En partant nous recommandons bien à la personne qui nous raccompagne que les fleurs doivent partir au cimetière, symbole de notre présence. À la prochaine messe dans la maison de repos nous demandons de la célébrer pour Victor, c’est donc sa dernière communauté qui le porte dans sa prière.

Qu’est-ce que je retire de cette situation ?
Dépassons nos premières réactions de consternation et faisons appel à notre créativité. Le Seigneur n’est pas enfermé dans la messe des funérailles, son Esprit n’y est pas canalisé pour cette circonstance. Nous pouvons toujours faire appel à lui dans le sacrement du frère ou de la sœur : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux » nous dit-il. Osons poser des gestes vrais, porteurs de sens.
Nous pouvons toujours porter dans la prière notre frère ou sœur défunt au cours d’une Eucharistie dans la maison de repos où il vivait, c’est sa dernière communauté et également dans la Paroisse.

par sr François Barnoud


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