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La Pentecôte. Icône arménienne du XVe siècle. |
Entre vent de tempête et fin silence, la voix discrète de l'Esprit Sr Frédérique Oltra, Carmélite de St Joseph. Un paradoxe... Un paradoxe habite le récit de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres (Ac 2,1-13). Il y a l’irruption soudaine et violente du vent : comme pour dire la force irrésistible de sa nouveauté et de son dynamisme ; il y a aussi la présence plus ténue des "langues de feu", leur diffusion, leur partage dans le multiple... La puissance de ce feu est pourtant aussi impérieuse que le vent de tempête... Ce récit a souvent été présenté, à juste titre, comme l’anti-Babel (Genèse 11,1-9). Il me semble que nous pouvons aussi le rapprocher de l’expérience du passage de Dieu, vécue par Elie à l’Horeb (1 Rois 19,9-18) : après toutes les manifestations cosmiques et éclatantes qui ne donnent pas la venue de Dieu, "une voix de fin silence" est perçue par le prophète comme le signe assuré de la présence du Seigneur. Et si l’Esprit était réellement cette "voix" discrète qui cherche à se faire entendre en chacun de nous et entre nous ! Voix de "discrétion", voix de "discernement" selon la racine de ce mot en latin. La venue de l'Esprit : impérieuse et discrète La venue de l’Esprit est donc, en nous et entre nous, à la fois impérieuse et irrésistible et, dans le même mouvement, discrète, silencieuse, respectueuse de nos singularités. Impérieuse et irrésistible comme vent de tempête qui nous arrache à toute forme d’enfermement et de repli sur nous-mêmes, à tout attachement exclusif aux formes particulières de notre propre expérience spirituelle. La violence de l’Esprit fait éclater le langage univoque et convenu dans lequel nous serions tentés d’enfermer le Dieu de Jésus-Christ et notre propre témoignage de sa venue dans nos vies. C’est pourquoi les apôtres, réfugiés dans l’espace clos de la Chambre Haute, ouvrent portes et fenêtres et sortent à la rencontre de la foule plurielle rassemblée à Jérusalem : à la rencontre des nations, des cultures, des langages divers qui se parlent aujourd’hui dans notre monde, nos sociétés, nos familles, nos communautés, notre Eglise... A cette exigence de l’Esprit de Jésus, exigence de l’Evangile, nous ne pouvons échapper... Quand l'Esprit ouvre à la diversité de nos histoires... "Remplis d’Esprit Saint, ils se mirent à parler d’autres langues, comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer... et chacun (dans la foule rassemblée) les entendait parler sa propre langue..." (Ac 2,4.6). La venue de l’Esprit est bien cette "voix de fin silence", ce mouvement et cette dynamique du discernement qui circule entre l’un et l’autre, entre les uns et les autres. "Voix" qui se communique entre celui ou celle qui parle à partir de cette expérience de liberté nouvelle et fondatrice et celui ou celle qui entend au cœur de sa propre liberté en naissance, en genèse. Cette "Voix" qui circule entre nous prend des accents divers, selon ce qui convient, dans le moment présent de l’expérience singulière de ceux qui s’écoutent et se parlent : voix de contestation et d’interpellation radicale ; voix d’attestation et d’invitation ; voix de consolation et d’exaucement... "Déconcertés, émerveillés, ils disaient : Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?" (Ac 2,7-8). Comment se fait-il que l’expérience singulière de ce témoin, livrée dans une parole discrète et hospitalière, nous "bouleverse le cœur", jusqu’à demander : "Frères (sœurs), que devons-nous faire ?" (Ac 2,37) ? C’est que l’Esprit ne se donne qu’à partir de ce silence consenti qui fait vraiment place à l’autre en son humanité singulière, en son histoire unique. Le poète nous le dit encore aujourd’hui :
"Pour que survienne ce silence (Charles Juliet, Bribes pour un double, Arfuyen, Paris, 2001) |
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