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Le Caravage, "Appel de saint Mathieu" - Détail. |
Cheminer en carême avec le "Messie discret" dans l’évangile de Matthieu. (Etape 5) Par sœur Adeline Marc, Carmélite de st Joseph. L’humilité du Maître Dans l’évangile de Matthieu, la figure du Serviteur discret a une valeur christologique. Matthieu la met en relation avec la question messianique. Elle prend donc valeur de révélation. Comme nous l’avons vu, la discrétion du Serviteur apparaît comme une forme de l’annonce et de la révélation. C’est dans sa discrétion que Jésus se révèle Christ, accomplissant ainsi la figure du Serviteur discret et élu de Dieu. Mais cette discrétion n’est pas un pur silence ; elle articule trois pôles : une annonce, une manière d’annoncer, une manière de se comporter. Matthieu 11, 25-30 « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance. (…) Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » S’ouvrir à la voix d’un Autre Dans les chapitres 11-12, Matthieu introduit dans son récit la figure du Serviteur discret et fait dire à Jésus : « Je suis doux et humble de cœur ». Cette caractérisation nouvelle de Jésus contraste avec le portrait que l’évangéliste dresse par ailleurs de lui, comme maître enseignant haut et fort. Celui qui est discret, humble et doux se présente comme ce maître prenant la parole avec autorité, avec un certain didactisme. Il ne faudrait donc pas faire de la discrétion un refus de prendre la parole ni même de manifester une certaine autorité. Elle vient qualifier l’autorité de Jésus : c’est l’obéissance discrète à un Autre qui révèle l’identité de celui qui parle. Ce mouvement se laisse pressentir dans ces paroles : « Tout m’a été remis par mon Père » (11,27 ; cf. 11,25-30). Jésus commence par déclarer que tout lui a été donné par son Père. Cela laisse entrevoir sa dignité, son pouvoir, son autorité mais aussi sa dépendance, qualifiant sa relation unique au Père. L’autorité de Jésus se manifeste non pas comme pouvoir sur ceux qu’il rencontre mais d’abord comme don reçu du Père. En 11,29 elle devient autorité de celui qui est « doux et humble de cœur ». Le mouvement se renverse donc : c’est par son humilité et sa douceur que Jésus manifeste sa dignité de Fils à qui le Père a tout donné (11,27). On voit ici comment s’accomplit la discrétion qui qualifie le Serviteur : par sa discrétion et sa miséricorde, le Serviteur, lui aussi, manifeste sa dignité d’élu, de bien-aimé, sur qui repose l’Esprit. Mais cette dignité ne peut être reconnue qu’en s’ouvrant à la voix de Dieu. En 11,25-30 aussi, c’est en s’ouvrant à la révélation du Père que les petits reconnaissent en Jésus, doux et humble de cœur, la dignité et l’autorité du Fils (11,25-27). La nouveauté du Maître C’est donc par l’autorité de sa douceur et de son humilité que Jésus peut inviter ceux qui peinent à venir à lui pour trouver le repos. Il y apparaît comme un maître nouveau puisque se mettre à son école, apprendre de lui et porter son joug prennent un caractère de douceur et de légèreté (11,30). C’est bien cette autorité que les foules, à la fin du Sermon sur la Montagne, avaient distinguée en Jésus : « Il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme leurs scribes » (7,29). Celle-ci est maintenant caractérisée comme humilité, douceur et miséricorde. Elle se distingue de l’enseignement des scribes et des Pharisiens, en qui l’on peut reconnaître les « sages et intelligents » qui exercent leur autorité en faisant peser des fardeaux sur les épaules des petits (23,6 et 11,28). De fait, dans l’épisode des épis arrachés, Jésus manifeste son autorité de maître en prenant la défense des « petits » contre la condamnation des sages et des intelligents (12,1-9). L’enseignement du Maître est caractérisé alors par sa douceur envers les petits et par la miséricorde dont il fait preuve, miséricorde qui est définie comme ce que Dieu veut : « C’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes » (Os 6,6). Jésus reprend à son compte ce vouloir du Père. Il manifeste ainsi son autorité unique de Maître en étant celui « qui fait la volonté du Père » (Mt 12,46-50). Il se situe, comme Maître, dans l’obéissance humble à celui qui lui a tout remis (Mt 11,27) : le pouvoir qui est le sien se révèle promesse pour les petits. Michée 6,5-8
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